ACT la troisième vague des TCC
La thérapie ACT (thérapie d’acceptation et d’engagement) est une approche thérapeutique développée dans les années 1980 par Steven C. Hayes, Kirk Strosahl et Kelly Wilson. L’ACT fait partie des évolutions appartenant à la « troisième vague » des thérapies comportementales et cognitives, tout comme la Thérapie Dialectique Comportementale et la pleine conscience. Ces approches partagent un intérêt commun pour l’acceptation des émotions et l’importance accordée à l’attention flexible dans le moment présent.

La petite histoire de la thérapie d’acceptation et d’engagement
L’histoire de l’ACT remonte aux années 80, Steven C. Hayes, qui était chercheur en thérapie cognitive et comportementale (TCC), souffrait de trouble de panique. Ayant expérimenté une TCC traditionnelle sans succès, il a commencé à explorer d’autres approches. En se tournant vers la méditation telle qu’elle était enseignée dans le bouddhisme, il a réalisé qu’au lieu de restructurer les pensées, il était bénéfique de les observer de manière détachée. Cela permettait de s’en distancier, de les prendre moins à la lettre.
En effet, en TCC, lorsqu’une personne souffre de trouble de panique, elle est généralement invitée à restructurer ses pensées afin de développer des pensées plus rationnelles et moins catastrophiques. Toutefois, cette approche présente parfois des limites. Dans ses premiers articles sur le sujet dans les années 80, Hayes propose de ne pas cibler le contenu des pensées, mais plutôt de modifier la relation que l’individu entretient avec ses pensées. Il suggère de modifier cette relation pour que les pensées ne soient plus prises au pied de la lettre.
Dans les années 90, Hayes intègre également le concept d’évitement expérientiel, un processus problématique qui se retrouve dans la psychopathologie en général. L’évitement expérientiel englobe toutes les actions que nous entreprenons pour éviter d’être en contact avec nos expériences internes inconfortables (émotions, pensées, sensations physiques, souvenirs, images mentales). Les stratégies d’évitement que les individus utilisent deviennent souvent des symptômes de troubles mentaux tels que les addictions, les comportements évitants ou impulsifs, etc.
L’objectif de l’ACT n’est pas de réduire ou d’éliminer les expériences internes inconfortables, mais plutôt d’aider les individus à les vivre avec une attitude d’ouverture et d’acceptation. Au-delà de la réduction des symptômes, il est essentiel de s’engager dans des actions cohérentes avec ses valeurs personnelles. En effet, pour améliorer son bien-être, il ne suffit pas de réduire les comportements problématiques, mais il est nécessaire d’augmenter les comportements significatifs, c’est-à-dire, ceux qui ont du sens pour la personne. Plus une personne a un répertoire riche de comportements engagés (alignés avec ses valeurs), plus elle se sent satisfaite de sa vie. En résumé, l’ACT vise à améliorer le fonctionnement global de la personne afin qu’elle puisse vivre une vie pleine de sens, une vie guidée par ses valeurs plutôt que par la lutte contre la souffrance.
Six processus thérapeutiques de la thérapie d’acceptation et d’engagement
La thérapie ACT utilise six processus thérapeutiques pour favoriser la flexibilité psychologique :
L’acceptation
La défusion
La défusion se concentre sur la relation parfois problématique que nous entretenons avec nos pensées. Certaines personnes accordent une importance disproportionnée aux « produits de leur esprit ». Les pensées ne sont que le fruit de nos apprentissages et expériences passées, et elles ne sont pas toujours vraies ou utiles pour comprendre une situation. Les utiliser comme une source d’information parmi d’autres est pertinent. Cependant, lorsque nous les utilisons comme la seule source pour comprendre une situation, nous risquons de passer à côté des informations provenant de notre environnement direct.
Par exemple, si Anna souffre d’anxiété sociale et rougit facilement, la pensée « tout le monde m’observe et me juge » peut dominer sa perception des situations sociales. En réalité, très peu de personnes sont attentives à son rougissement et celles qui le remarquent peuvent éprouver de l’empathie plutôt que du jugement.
L’attention flexible au moment présent
Ce processus vise à améliorer notre capacité d’attention dans le « ici et maintenant ». La vie se déroule dans le présent, ni dans le passé ni dans le futur. Être capable de ramener notre attention dans le moment présent nous permet d’utiliser les informations de ce qui se passe réellement ici et maintenant pour agir de manière efficace. Cette compétence est essentielle pour les autres processus, car il est primordial d’observer notre expérience présente afin d’y répondre de manière appropriée.
Le soi comme contexte
Nous avons souvent tendance à nous identifier à nos pensées et émotions, alors qu’elles changent constamment. Par exemple, si Thomas pleure facilement et que ses parents lui disent qu’il est fragile, cette idée de soi s’installe, créant ainsi un concept figé de soi. Être fragile n’est pas la cause des pleurs, car « fragile » est un concept inventé et subjectif qui n’a pas de définition précise en tant que trait de personnalité. Le risque est de s’enfermer dans un concept de soi qui nous empêche d’évoluer et de changer de perspectives. Observer les changements infinis de nos émotions et pensées nous permet de prendre une posture d’observateur vis-à-vis de nous-mêmes. Cette posture devient un lieu sûr qui nous offre une perspective plus large et des possibilités d’action plus variées.
Les valeurs
Formuler ce qui compte vraiment pour nous est une manière de mieux se connaître. Lorsque nous souffrons, nous perdons souvent le lien avec nos valeurs. Nous sommes tellement occupés à lutter contre la souffrance que ce qui donne du sens à notre vie est relégué au second plan. Cependant, cela a un coût important, car lorsque nous sommes trop focalisés sur la lutte, nos comportements s’éloignent automatiquement de ce qui compte réellement, car il n’est pas possible de lutter contre nos expériences intérieures tout en nous rapprochant de ce qui donne du sens à notre existence. Les valeurs, une fois identifiées, peuvent servir de boussole pour nous guider. Lorsque nous sommes secoués par les tempêtes de la vie et que nous perdons notre chemin, connaître nos valeurs peut nous aider à retrouver la voie. Lire aussi : Les valeurs pour mieux se connaître
Les actions engagées
Le changement comportemental est la clé du changement réel. Sans changement dans nos actions, il ne peut y avoir de véritable évolution et mieux-être. Les actions engagées que nous mettons en place dans notre vie, y compris dans le cadre de la thérapie, doivent être en accord avec nos valeurs personnelles. Ce sont ces actions qui nous apporteront satisfaction et sens. Le fait d’entreprendre des actions engagées implique également d’accepter les pensées et émotions inconfortables qui peuvent accompagner ce processus. Il est important de noter que chaque fois que nous nous engageons dans de nouveaux comportements, il est tout à fait probable que cela s’accompagne d’un certain inconfort.