Psychologue clinicien, profession de santé?

Ordre des psychologues? Code de déontologie opposable? Ça pourrait changer bientôt! Le rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales

Notre profession de psychologue est en pleine évolution. Le débat actuel initié par une inadéquation de l’offre de prise en charge avance. En effet, la demande de soins psychiques en France est en croissance et une réflexion au niveau national est en cours. Adapter une prise en charge à la situation actuelle semble primordiale. L’Inspection Générale des Affaires Sociales vient de publier le rapport avec les propositions pour changer notre profession.

Inadéquation de l’offre de soin

Nous suivons de près l’avancement des dispositifs des expérimentations des psychothérapies et le débat quant au rôle du psychologue dans le système de santé actuel. En effet, le rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) fait état d’une demande croissante de soins psychiques en France. Les troubles psychiques sont en forte croissance et de plus en plus complexes. Ils occupent une place devenue centrale au plan de la santé.  Ainsi, une redéfinition de la place et du rôle du psychologue dans le système de soins français s’impose. 

Dans ce contexte d’inflation de la demande et d’inadéquation de l’offre, la prise en charge des troubles psychiques est devenue un enjeu majeur, aussi bien financier que sanitaire. Actuellement, les principes de prise en charge reposent principalement sur une approche médicale. Les troubles psychiques sont trop souvent traitées seulement avec des médicaments et pas assez par une prise en charge du psychologue. 

Expérimentations des remboursements

L’IGAS a examiné l’état d’avancement des expérimentations de remboursement des psychothérapies en place actuellement en France. Ces dispositifs visent à améliorer les réponses à la souffrance psychique en renforçant l’orientation des patients et en facilitant l’exercice pluridisciplinaire coordonné. Ils donnent des indications positives quant à l’utilisation de la psychothérapie. Ils montrent que la collaboration avec les autres professionnels de la santé est possible. Les conditions d’admission au remboursement par l’assurance maladie pour les psychologues cliniciens qui le souhaitent (ceux qui accepteraient de devenir « professionnels de santé » via une formation supplémentaire) doivent être précisées. 

Consultation psychologue thérapie cognitive et comportementale

La formation du psychologue clinicien

Le rapport de l’IGAS souligne que la formation des psychologues est éloignée du système de soins et la place et le rôle des psychologues cliniciens sont mal définis. Dans le respect de l’autonomie des universités, il faudra s’assurer des compétences des praticiens et préciser leur cadre d’activité. Il est nécessaire de s’assurer des compétences théoriques et cliniques requises. Il faut construire un cadre juridique d’activité et créer les conditions d’un remboursement par l’assurance maladie.

Aussi, la durée des stages doit être allongée, leurs conditions d’agrément précisées et la labellisation des pratiques organisée.

Un code de déontologie opposable

Les experts de l’IGAS proposent qu’un code de déontologie opposable soit adopté dont il faudra tirer les conséquences institutionnelles. Ces évolutions devront s’inscrire dans une réponse sanitaire par niveaux.

Thérapies efficaces

La profession (de psychologue clinicien?) doit s’organiser.

En tout état de cause, les psychologues, au-delà de la diversité de leurs formations et pratiques, doivent poser un regard conjoint sur les risques et défis qui se présentent à leur profession :

  • Demeurer en dehors de la communauté des professionnels de la santé avec le risque de voir d’autres professions apporter une réponse à la souffrance psychique conforme aux garanties (sanitaires, mais aussi juridiques ; pour les malades comme pour les professionnels) qu’apportent les règles contenues dans le code de la santé ;
  • Organiser la profession afin que soient assurées la liberté des approches de soins ; une évaluation adaptée mais réelle de ces dernières et une coordination fonctionnelle et territoriale avec les autres acteurs de santé. Pour y parvenir, un code réellement opposable de déontologie, une instance garantissant son respect et s’assurant d’une supervision des pratiques entre pairs constitue une étape que beaucoup des psychologues rencontrés estiment nécessaire.

Les recommandations 

L’IGAS donne cinq recommandations prioritaires pour la suite de la mission avec des échéances qui sont au plus tard en 2021. Vous pouvez trouver les autres ici : RAPPORT IGAS

1Créer des diplômes universitaires ou interuniversitaires permettant aux psychologues se destinant à la pratique clinique de connaitre l’ensemble des approches, de s’approprier des modules thérapeutiques évalués ainsi que des instruments de démarche d’évaluation scientifique. 
2Prévoir un dispositif de labélisation par les autorités sanitaires afin de prendre en compte les flux (formation initiale) et les stocks (validation des acquis d’expérience -VAE-) de psychologues cliniciens susceptibles d’intervenir dans les parcours de soins coordonnés. 
3A partir des fichiers ADELI et des labellisations ARS, préciser le nombre et la répartition géographique des psychologues cliniciens mobilisables pour participer au parcours de soins coordonnés. 
4Doter l’ensemble de la profession de psychologues ayant un exercice clinique d’un code de déontologie opposable. 
5Conditionner l’ouverture au remboursement de l’activité des psychologues cliniciens, pour ceux qui le souhaitent, à l’acceptation d’un cadre juridique et de modalités d’intervention thérapeutiques compatibles avec celles des autres professions de la santé et les règles du parcours de soins coordonnés. 

Une revalorisation de notre profession serait en effet souhaitable, afin d’y arriver, nous devons réfléchir ensemble afin d’inciter les autorités à prendre les bonnes décisions!

Pierluigi Graziani

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