Définition, prévalence et étiologie du trouble obsessionnel compulsif
Qu’est-ce qu’un TOC, comment cela fonctionne et comment ça se soigne ?
Un TOC est l’acronyme de Trouble Obsessionnel Compulsif. Ce terme nous renseigne sur les deux composantes principales de ce trouble, à savoir les obsessions et les compulsions.
Le TOC touche environ 1% de la population.
Chez l’adulte les femmes seraient davantage touchées. Alors que chez l’enfant les garçons seraient plus souvent affectés. En moyenne le trouble obsessionnel compulsif apparait au début de l’âge adulte selon le DSM-V (American Psychiatric Association, 2015). De plus, la comorbidité perturbe l’évolution du TOC. En effet, Ruscio et al. (2010) montrent que 76 % des adultes affectés par un TOC reçoivent à un moment de leur vie un diagnostic de trouble anxieux, et 63% un trouble dépressif ou bipolaire. On parle ainsi de comorbidité́.
Par ailleurs le trouble obsessionnel compulsif entraine souvent une altération de la qualité de vie du patient. Plusieurs domaines : personnel, professionnel ou scolaire, sont affectés. L’altération est proportionnelle à la sévérité des symptômes. Concrètement cela peut s’expliquer par le temps accordé à la gestion des obsessions et l’exécution des compulsions.
Il est possible de déterminer qu’il y a une corrélation entre la probabilité́ d’apparition d’un toc et les facteurs suivants :
- – La personnalité́ : une plus grande propension à ressentir et contenir des émotions « négatives »
- – L’environnement : des évènements traumatologiques vécus pendant l’enfance y compris les abus physiques ou sexuels
- – La biologie : au niveau neuroanatomique un dysfonctionnement du cortex orbitofrontal ainsi que du striatum et du cortex cingulaire antérieur
- – La génétique : avoir un parent de premier degré́ atteint d’un TOC double le risque de développer soi-même un TOC
Les obsessions
Lorsque l’on souffre d’un TOC on souffre de certaines pensées, d’images mentales ou d’impulsions. Celles-ci ont comme caractéristiques d’être intrusives, répétitives et anxiogènes. Même si la personne peut être consciente que son esprit génère ces pensées, elles n’en restent pas moins indésirables. D’ailleurs ces pensées sont souvent égodystones c’est-à-dire qu’elles peuvent aller à l’encontre des valeurs morales de la personne. Les thématiques de ces pensées sont diverses. Cela peut être des idées concernant la peur d’être agressif. Elles peuvent avoir un lien avec la sexualité. Un souci excessif concernant les maladies et plus précisément la peur de contamination est fréquent. Les obsessions peuvent aussi concerner une attention disproportionnée concernant l’ordre et la symétrie. Certaines obsessions concernent la religion, etc. D’ailleurs plus les idées vont à l’encontre des valeurs de la personne, plus les réactions pour lutter contre ses idées peuvent être fortes.
Les compulsions
On peut définir des compulsions comme des comportements réactionnels aux idées obsédantes. Dans les faits les compulsions sont des comportements physiquement observables ou des actes mentaux qui sont répétitifs voire ritualises. Ils se produisent généralement car le sujet se sent contraint d’accomplir ces comportements pour répondre à une idée obsédante ou en quelque sorte la conjurer.
Exemple :
- ➢ Vanessa est terrifiée à l’idée que des cambrioleurs puissent pénétrer dans son domicile et faire du mal à sa famille => idée obsédante
- ➢ Vanessa vérifie qu’elle a bien fermé la porte de son domicile jusqu’à plusieurs dizaines de fois lorsqu’elle doit sortir => compulsion (actes visant à empêcher que l’idée redoutée se produise réellement).
Cet exemple nous montre que les compulsions sont en fait destinées à neutraliser les idées obsédantes. Elle servent à rassurer le sujet. Cela peut devenir pathologique si ces comportements n’ont pas de lien rationnel avec l’idée obsédante qu’ils visent à neutraliser ou lorsqu’ils deviennent excessifs en fréquence ou en durée.
Comment soigner le trouble obsessionnel compulsif avec les TCC
Eviter de se confronter par la compulsion
La métanalyse proposée par Reid et al. (2021) qui compile les données de 36 études impliquant au total 2020 patients dont 1483 adultes permet de conclure à une efficacité́ de l’exposition avec prévention de la réponse (EPR) dans le traitement des TOC.
Pour comprendre l’intérêt thérapeutique de cette technique il faut d’abord comprendre quelle est la fonction de la compulsion ou du rituel.
En effet les comportements répondant aux idées obsédantes peuvent prendre diverses formes : vérifier, s’efforcer de penser à autre chose, se répéter mentalement des phrases ou des scenarios, remplacer l’idée obsédante par une autre, se rassurer ou demander à être rassurer, etc. Ce type de comportement vise à procurer un sentiment de soulagement à la personne. Celle-ci peut avoir l’impression d’avoir fait ce qu’il fallait pour que la pensée obsédante disparaisse. Or, ce soulagement est le plus souvent temporaire. Puisqu’en réalité́ on peut associer ces comportements à ce que l’on appelle des « comportements d’évitement ». Ces derniers permettent d’éviter de se confronter pleinement à la pensée redoutée ou au scenario catastrophe. La pensée ne se trouve donc neutralisée que pour un temps. C’est la raison pour laquelle à chaque fois que la pensée intrusive se présente, la personne se sentira à nouveau contraint d’effectuer des compulsions. Ce schéma peut donc expliquer comment le TOC se maintient dans le temps.
Exposition par prévention de la réponse
Compte tenu de ces éléments la solution proposée par les TCC consiste, lorsque le sujet est confronté́ à l’idée obsédante ou à une situation déclenchante (exposition), à supprimer ces comportements d’évitement et/ou de réassurance (c’est la prévention de la réponse). Cela nécessite un accompagnement psychologique rigoureux permettant une progression graduelle. En effet il est fondamental de commencer à s’exposer par les situations déclenchantes les moins difficiles à gérer pour le sujet. Une fois que le sujet est parvenu à s’exposer avec prévention de la réponse et que son anxiété́ a diminué́ significativement, alors on pourra envisager de passer au palier supérieur de difficulté́.
Par ailleurs, il est à noter que tous les patients ne répondent pas favorablement à cette technique(Bürkle et al. (2021). Cela peut s’expliquer par une « fusion » entre les pensées et les actions du sujet exposé. Celle-ci rende très difficile la non-exécution des compulsions. Les auteurs expliquent que les interventions basées sur la mindfulness (méditation à pleine conscience) peuvent aider les patients à considérer leurs pensées comme des évènements mentaux à dissocier de faits réels. De ce fait, cela peut augmenter la tolérance aux pensées intrusives ainsi qu’une diminution de l’anxiété́ et donc des compulsions.
Lire aussi: Troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
Bibliographie
o American Psychiatric Association. (2015). DSM-5 : manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (traduit par J.-D. Guelfi et M.-A. Crocq; 5e éd.). Elsevier Masson.
o Ruscio, A. M., Stein, D. J., Chiu, W. T., & Kessler, R. C. (2010). The epidemiology of obsessive-compulsive disorder in the National Comorbidity Survey Replication. Molecular psychiatry, 15(1), 53-63.
o Reid, J. E., Laws, K. R., Drummond, L., Vismara, M., Grancini, B., Mpavaenda, D., & Fineberg, N. A. (2021). Cognitive behavioural therapy with exposure and response prevention in the treatment of obsessive-compulsive disorder: A systematic review and meta-analysis of randomised controlled trials. Comprehensive psychiatry, 106, 152223.
o Bürkle, J. J., Fendel, J. C., & Schmidt, S. (2021). Mindfulness-based and acceptance-based programmes in the treatment of obsessive–compulsive disorder: a study protocol for a systematic review and meta-analysis. BMJ open, 11(6), e050329.
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