Théories de l’émotion, comprendre nos réactions émotionnelles

Tout d’abord, il n’y a pas UNE théorie de l’émotion mais plusieurs théories. Ainsi, dans cet articles nous allons présenter les auteurs principaux ayant tenté d’expliquer nos réactions émotionnelles.

Les mécanismes derrière notre expérience émotionnelle ainsi que le traitement cognitif de celle-ci restent des sujets centraux de recherche et de débat. Les auteurs ont chacun leur théorie pour expliquer les réactions émotionnelles, la survenue des émotions et comment celles-ci sont représentées dans le cerveau.

La théorie basée sur l’évaluation cognitive de l’émotion s’est développée grâce aux travaux de Magda Arnold. Celle-ci propose que les émotions soient extraites de nos « évaluations » ou interprétations de ce qui nous arrive. En effet nous interprétons constamment tout. La même situation peut être interprétée de manière très différentes selon les individus.

Aussi, la question centrale à laquelle théorie basée sur l’évaluation cognitive cherche à répondre est pourquoi nous avons des perceptions et des réactions émotionnelles différentes face aux mêmes situations.

Par exemple, lorsque Tom voit un serpent, même inoffensif, il a immédiatement une réaction de panique. Alors que, Marie, qui aime bien les reptiles, se sent plutôt curieuse.

Tom ressent de la panique lors qu’il voit un serpent.

Magda B. Arnold

Magda Arnold (1903–2002) était une psychologue américaine qui a proposé le terme “évaluation cognitive” pour désigner les processus cognitifs précédant l’apparition de l’émotion. Elle a développé sa théorie basée sur l’évaluation cognitive dans les années 1960. Cette théorie précisait que la première étape pour ressentir une émotion est une évaluation de la situation. Selon Arnold, une évaluation initie la séquence de réactions émotionnelles en suscitant à la fois les réactions physiologiques et l’expérience émotionnelle elle-même. Retenons qu’elle a identifié les changements physiologiques comme importants pour le processus d’évaluation. Néanmoins, elle ne les considère pas comme initiateurs de l’expérience émotionnelles de l’individu.

Donc selon Arnold, il y a d’abord l’évaluation de la situation, suivie par les réactions physiologiques et l’expérience émotionnelle.

Richard Lazarus

Le psychologue Richard Lazarus (1991) a légèrement fait évolué le travail d’Arnold dans sa théorie des émotions. Il affirme que nos émotions sont déterminées par notre évaluation des stimuli (ce qui nous arrive). Cette évaluation sert d’intermédiaire entre le stimulus et la réaction émotionnelle, et elle est immédiate et souvent automatique. Lazarus soutient que l’évaluation précède l’étiquetage cognitif (par exemple, « je ressens de la colère »). L’évaluation provient simultanément à la fois de l’excitation physiologique et de l’expérience émotionnelle elle-même.

Lazarus a soutenu que l’activité cognitive impliquée dans l’interprétation du contexte pouvait être consciente ou inconsciente. Des processus cognitifs contrôlent l’intensité des émotions. Ceux-ci médiatisent la relation entre la personne et l’environnement par des stratégies d’adaptation. Ces dernières sont à leur tour à la base de la réaction émotionnelle.

Dans ses recherches, Lazarus a spécifié deux grands types de méthodes d’évaluation : 

1) L’évaluation primaire, l’individu évalue et interprète une situation

2) L’évaluation secondaire, l’individu évalue ses propres capacités à faire face à la situation 

Dans le contexte spécifique de l’émotion et du stress, Lazarus a décrit l’évaluations primaire comme l’évaluation sur le degré de préjudice potentiel ou de menace au bien-être. La perception d’une menace déclenche alors l’évaluation secondaire – l’évaluation des ressources disponibles pour faire face à la situation.

La théorie de l’émotion de Lazarus explique nos évaluations face aux situations de stress.

La théorie de l’émotion de James-Lange

James-Lange change l’ordre de déclenchement des processus. Selon sa théorie, les émotions découlent de l’excitation physiologique.

En effet, cet auteur affirmait que les émotions découlent de l’excitation physiologique : la perception de changements dans le corps se traduisent en expériences émotionnelles. 

Par exemple, si vous deviez rencontrer un serpent venimeux dans votre jardin, votre système nerveux sympathique, celui qui est responsable de l’activation de la réaction de combat ou de fuite, déclencherait une excitation physiologique. Le système sympathique ferait accélérer le cœur et augmenterait le rythme respiratoire.

Selon la théorie de l’émotion de James-Lange, nous ne ressentons la peur qu’après que cette excitation physiologique a eu lieu. Différents patterns d’excitation physiologique seraient associés à différentes émotions.

Une limite de cette théorie est qu’on ne sait pas exactement ce qui cause les changements dans le corps. Il n’est donc pas clair si ces changements doivent être considérés comme faisant partie de l’émotion elle-même. Les critiques de la théorie James-Lange doutent également qu’il existe une variation suffisante d’excitations physiologiques pour conduire à la grande variété d’émotions que nous ressentons. Pour répondre à ces limitations, d’autres théories, telles que la théorie Cannon-Bard, ont été développées.

Théorie de l’émotion de Cannon-Bard

La théorie de l’émotion Cannon-Bard soutient que l’excitation physiologique et l’expérience émotionnelle se produisent simultanément mais indépendamment. Alors que la théorie James-Lange propose que les émotions découlent de l’excitation physique, la théorie Cannon-Bard soutient que l’excitation physiologique et l’expérience émotionnelle se produisent simultanément, mais indépendamment.

Cette théorie postule que lorsque vous voyez un serpent venimeux dans votre jardin, vous ressentez de la peur exactement au même moment où votre corps initie sa réponse physiologique de combat ou de fuite. Même si elles se produisent en même temps, votre réaction émotionnelle et votre réaction physiologique seraient séparées et indépendantes.

Selon la théorie Cannon-Bard, l’expression émotionnelle résulte de l’activation des centres sous-corticaux du cerveau. Le thalamus optique, en particulier, est une région qui contient les organisations neuronales pour différentes expressions émotionnelles. Les organes sensoriels d’un individu captent un stimulus émotionnel. Puis des informations sur ce stimulus sont transmises au cortex cérébral. C’est dans le cortex que ces informations sont associées à des processus conditionnés. Ces derniers déterminent à leur tour la direction de la réponse et stimulent les processus thalamiques.

Les réactions émotionnelles peuvent être différentes selon les personnes et leurs interprétations.

La théorie de l’émotion de Schachter-Singer (la théorie des deux facteurs)

La théorie de Schachter-Singer considère l’émotion comme le résultat de l’interaction entre deux facteurs : l’excitation physiologique et la cognition. Comme les théories James-Lange et Cannon-Bard, la théorie de l’émotion de Schachter-Singer (également connue sous le nom de théorie à deux facteurs) tente d’expliquer l’émotion à travers l’excitation physiologique.

Donc, selon la théorie de Schacter-Singer, l’émotion résulte de l’interaction entre deux facteurs : l’excitation physiologique et la cognition. Plus précisément, cette théorie affirme que l’excitation physiologique est interprétée de manière cognitive dans le contexte de chaque situation. Cela produit finalement l’expérience émotionnelle. Les interprétations cognitives sont la façon dont une personne étiquette et comprend ce qu’elle vit. Elles sont formées sur la base des expériences passées de la personne.

Par exemple, vous voyez un serpent venimeux dans votre jardin. La théorie de Schachter-Singer soutient que le serpent déclencherait une activation du système nerveux sympathique (excitation physiologique). Celle-ci serait cognitivement étiquetée comme “la peur” (cognition) en fonction du contexte. Ce que vous ressentez réellement, alors, serait le sentiment de peur.

Plusieurs auteurs ont contribué chacun avec leur théorie de l’émotion

Dans une étude, Singer et Schachter ont injecté aux participants de l’adrénaline (épinéphrine), ce qui provoque un certain nombre d’effets physiologiques, tels qu’une augmentation du flux sanguin vers les muscles et une augmentation du rythme cardiaque. Ils ont constaté que l’injection de la substance n’amenait pas les participants à ressentir une émotion particulière. Contrairement à la théorie James-Lange, qui affirme que les émotions découlent de l’excitation physiologique, cette théorie soutient que les changements corporels peuvent soutenir des expériences émotionnelles conscientes mais ne les provoquent pas nécessairement. Au contraire, l’interprétation d’une certaine émotion dépend à la fois de l’état physiologique de l’individu et du contexte. Cette relation serait médiatisée par le traitement cognitif.

Lire aussi : Biologie des émotions, les structures cérébrales impliquées

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