« L’alcool n’est pas un problème pour moi, je bois comme tout le monde, normalement ». Ces affirmations renvoient aux questionnements : « Peut-on boire sans prendre de risques pour sa santé ? ». À partir de quelle consommation la consommation devient-elle dangereuse ? Quel est le seuil ? De quels dangers parle-t-on ?
Il est difficile de donner la même réponse à tout le monde. En effet, nous réagissons différemment à la consommation d’alcool. De plus, il n’y a pas un seuil de rupture net entre consommation normale et excessive pour nous indiquer quand nous passons de l’une à l’autre.
La recherche montre néanmoins qu’il n’y pas de consommation sans risques. Dès le premier verre les risques augmentent de manière exponentielle au fur et à mesure de la consommation. Ainsi, deux verres augmentent de manière significative le risque d’accidents domestiques. En somme, seulement l’abstinence ne comporte aucun risque.
À quoi correspond un verre ?
D’abord, du bar à notre domicile, la taille des verres est très variable. De surcroît, on ne respecte pas la dose standard, le verre servi à la maison contient plus que le verre servi au bistrot. Aussi, celui-ci respecte des critères précis et la taille des verres est inversement proportionnelle à la concentration en alcool de la boisson.
Différentes contenances:
- Verre standard contient en moyenne 12 grammes d’alcool pur.
- Verre de bistrot est utilisé comme unité de mesure pour le calcul de la consommation individuelle d’alcool.
- Bouteille de vin contient 7 unités d’alcool.
- Canette de 50 cl de bière correspond à 2 unités d’alcool.
- Bouteille de cognac en contient 22.
QUANTITÉ DE BOISSONS CORRESPONDANT À UNE UNITÉ
Produit | Vin | Porto | Champagne | Bière | Whisky | Pastis |
% alcool | 12 | 20 | 12 | 5 | 40 | 40 |
Contenu d’un verre standard | 10 cl | 6 cl | 10 cl | 25 cl | 3 cl | 3 cl |
Existe-t-il des critères objectifs pour évaluer les risques de l’alcool ?
L’Organisation Mondiale de la Santé essaye d’établir une distinction entre consommations avec ou sans risque. Mais, même pour le monde médical, il est très difficile d’établir une limite nette et valable pour tout le monde. Car il faut prendre en considération la quantité d’alcool consommée et la fréquence des prises.
De plus, chaque organisme est différent et le risque de maladie par exemple dépend :
– du sexe,
– du poids,
– et la résistance personnelle.
Enfin, il y a des risques immédiats et aigus tels que les risques d’accident, le risque d’avoir un comportement hors contrôle et violent, puis il y a les risques à long terme tels que la dépendance et les maladies physiques et psychologiques.
Cependant, la variabilité n’est pas si grande. Effectivement, elle ne permet pas de dire que quelqu’un peut boire une bouteille de vin par jour alors qu’une autre personne, seulement deux verres. Notons que la variabilité est considérablement plus petite.
Désormais, les experts de l’Organisation Mondiale de la Santé donnent des seuils de consommation qui incitent chacun à réfléchir sur sa propre consommation.
Les seuils de consommation et recommandations de l’OMS pour évaluer les risques de l’alcool
L’OMS recommande également de s’abstenir au moins un jour par semaine de toute consommation d’alcool. Dans certaines situations, comme la grossesse, l’allaitement, la prise de certains médicaments, une activité nécessitant une grande précision et une grande maîtrise de soi, l’abstinence totale est recommandée. Etude : Rapport Alcool & Santé de l’OMS : l’Europe toujours en tête de la consommation mondiale – 2018. |
Un repère de compromis pour gérer les risques de l’alcool
Ces chiffres ne sont que des repères relatifs au risque de développer une maladie. Aussi, plus on s’en éloigne, en augmentant la consommation, plus les risques accroissent. Soulignons aussi que ces repères constituent également un compromis du risque considéré comme acceptable individuellement et socialement.
Ces repères traduisent aussi la place de l’alcool dans la société et les effets positifs perçus de la consommation modérée. En effet, l’alcool a un double effet.
- Une modification physiologique et psychologique agréable.
- Une conséquence dommageable pour le corps.
Lorsque nous parlons des conséquences néfastes, nous faisons exclusivement référence à l’alcool dans la boisson. Par exemple dans le vin rouge et le whisky il y a d’autres composants : les congénères qui auraient un effet protecteur. Cependant , cet effet bénéfique ne peut en aucun cas être attribuable à l’alcool.
Voici un questionnaire mis au point par l’OMS
qui peut vous permettre d’avoir une première idée de votre consommation.
0 | 2 | 3 | 4 | |
1- Quelle est la fréquence de votre consommation d’alcool ? | Jamais | 2 à 4 fois par mois | 2 à 3 fois par semaine | Au moins 4 fois par semaine |
2- Combien de verres contenant de l’alcool consommez-vous un jour typique où vous buvez ? | 1 ou 2 | 5 ou 6 | 7 ou 8 | 10 ou plus |
3- Avec quelle fréquence buvez-vous 6 verres ou plus lors d’une occasion particulière ? | Jamais | Une fois par mois | Une fois par semaine | Tous les jours ou presque |
4- Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous constaté que vous n’étiez plus capable de vous arrêter une fois que vous aviez commencé ? | Jamais | Une fois par mois | Une fois par semaine | Tous les jours ou presque |
5- Au cours de l’année écoulée, combien de fois votre consommation d’alcool vous a-t-elle empêché de faire ce qu’on attendait normalement de vous ? | Jamais | Une fois par mois | Une fois par semaine | Tous les jours ou presque |
6- Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous eu besoin d’un premier verre pour démarrer après avoir beaucoup bu la veille ? | Jamais | Une fois par mois | Une fois par semaine | Tous les jours ou presque |
7- Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous eu un sentiment de culpabilité ou des remords après avoir bu ? | Jamais | Une fois par mois | Une fois par semaine | Tous les jours ou presque |
8- Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous été incapable de vous rappeler ce qui s’était passé la soirée précédente parce que vous aviez bu ? | Jamais | Une fois par mois | Une fois par semaine | Tous les jours ou presque |
9- Avez-vous été blessé ou quelqu’un a-t-il été blessé parce que vous aviez bu ? | Non | Oui, mais pas au cours de l’année écoulée | Oui, au cours de l’année | |
10- Un parent, un ami ou un soignant s’est-il inquiété de votre consommation d’alcool et vous a-t-il suggéré de la réduire ? | Non | Une fois par mois | Une fois par semaine | Oui, au cours de l’année |
Pourquoi boire de l’alcool donne du plaisir ? Quels sont les effets d’un verre sur le cerveau ?
Comme d’autres produits addictifs tels que la caféine, le cannabis, les opioïdes, les sédatifs, les anxiolytiques, l’amphétamine, la cocaïne, l’alcool agit sur le système de récompense de notre cerveau. Effectivement, il produit des sensations de plaisir intenses. Cependant, les mécanismes qui activent le système de récompense sont différents pour chaque groupe de produits. Notons que l’alcool agit directement sur les voies neuronales contenant de la dopamine. Cette dernière est un neuromédiateur impliqué dans les conduites addictives et dans la régulation du plaisir. Une fois ingéré, l’alcool stimule directement le système de récompense/renforcement appelé aussi le système hédonique. Ainsi, le comportement de boire sera ainsi renforcé puisqu’il produit du plaisir. Par conséquent, cela est mémorisé et devient conditionné, ce qui veut dire que notre cerveau associe le plaisir à l’alcool.
Donc l’abus d’alcool active directement les circuits de la récompense dans le cerveau. Puisque l’alcool produit si simplement et directement de sensations de plaisir, le fait de boire aura tendance à diminuer la motivation à faire d’autres activités, telles que du sport, regarder un film, passer du temps avec les amis ou toute autre activité qui procurait du plaisir auparavant.
Tout compte fait, plus une personne boit de l’alcool qui active ce système de plaisir plus elle aura tendance à négliger d’autres activités et comportements adaptés.
Quels sont les effets à court et à moyen terme de l’alcool ?
Il est à noter que l’ingestion d’alcool s’accompagne de nombreux effets qui dépendent. Plus précisément, ceux-ci dépendent de la quantité et la physiologie de la personne. Le tableau ci-dessous liste les effets les plus communs apparaissant dès le premier verre. Il y en a d’autres aussi. Alors, repérez les effets que vous avez observé et réfléchissez si il y en a d’autres, qui ne sont pas mentionnés dans notre liste.
Les effet renforçateurs
Dans ces conditions, certains de ces effets sont très renforçateurs puisqu’ils suivent très rapidement l’ingestion d’alcool et y deviennent associés psychologiquement.
De cette façon, cela signifie l’envoi à notre cerveau du message que l’alcool donne des effets recherchés. Ainsi, on sera plus tenté de boire dans les mêmes contextes et on aura envie de boire pour obtenir ces effets précis.
Par exemple, Anna est très timide mais elle a remarqué que quand elle boit un verre, son inhibition naturelle s’atténue et elle parle plus aisément. a timidité et inconfort sont soulagés avec l’aide de l’alcool. Anna pourrait donc se dire que l’alcool l’aide à devenir plus sociable et que dans des contextes de rencontres sociales, il lui est bénéfique de boire un ou deux verres.
Quels sont les effets à long terme de l’alcool ?
Premièrement, les effets agréables s’observent même à des consommations minimes d’alcool. Par conséquent, ces effets facilitent la mise en place d’une consommation régulière. Alors que les effets sur le cerveau qui était auparavant ressentis comme bénéfiques deviennent à long terme négatifs.
En résumé, vous trouverez ci-après des conséquences que l’alcool peut avoir sur la santé à long terme. Aussi, le tableau ci-dessous liste les effets à long terme les plus fréquents.
Les fausses croyances
Cela étant, si pendant des années la personne a obtenu principalement des effets positifs de la consommation d’alcool, elle va avoir du mal à associer certaines conséquences négatives à cette même consommation. D’ailleurs, elle continue à penser que l’alcool la soulage et elle attribue les aspects négatifs aux éléments extérieurs.
Par exemple, elle peut croire que l’alcool ne joue aucun rôle dans la présence de certains problèmes de santé ou de conflits de couple. En réalité, s’il n’est pas une cause, il peut jouer le rôle d’amplificateur du problème ou constituer un obstacle à sa solution.
Pour résumer, faites le point avec sincérité et prends de recul par rapport à votre consommation. Quel rôle joue l’alcool dans votre vie ?