Qu’est-ce que le trouble du désir sexuel ?

« Mon compagnon se plaint et je comprends. J’ai 30 ans et nous ne faisons l’amour qu’une fois par mois. Lui ne pense qu’à ça, moi jamais ou plutôt j’essaie de ne pas y penser car je ne satisfais pas mon compagnon, je le vois bien. Lui faire l’amour est une corvée. Je ne dois pas être normale. Je traine devant la télé pour aller au lit le plus tard possible pour qu’il s’endorme avant moi. Le matin je me lève avant qu’il ne se réveille. Dans la journée, je trouve toujours une excuse pour lui faire comprendre que ce n’est jamais le bon moment que je suis fatiguée, que j’ai du travail à terminer, que je ne suis pas d’humeur…. J’évite tout geste de tendresse afin qu’il ne soit pas tenté car cela m’angoisse. Parfois, nous nous disputons à ce sujet, il dit qu’on ne peut pas continuer comme ça. Moi, je ne sais plus quoi faire ?»

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Le désir sexuel

Le désir sexuel est un élément central de toute relation amoureuse, son absence ou diminution peut être un indicateur de la présence d’un dysfonctionnement conjugal et/ou individuel. Environ 24 à 43% des femmes présenteraient un trouble du désir sexuel. La moitié des femmes qui consultent pour des troubles sexuels le font pour un trouble du désir.

Le désir sexuel est un état qu’on éprouve quand on a envie d’un rapport sexuel avec quelqu’un. Le désir dépend de l’état de la personne, des sentiments qu’elle éprouve pour l’autre, de ses fantasmes et de la situation dans laquelle elle se trouve. Même si un contexte ne se prête pas à l’acte il n’empêche pas le désir sexuel, et inversement, le désir n’implique pas un passage à l’acte. 

Le désir partagé par des partenaires est la motivation naturelle de l’acte sexuel. Le désir croît spontanément et s’accompagne d’excitation sexuelle physique lors de contacts sensuels (les préliminaires), mais aussi par le regard, la parole ou le jeu. 

L’excitation sexuelle

Même si l’orgasme peut mettre fin à l’acte sexuel, il n’est cependant pas une finalité en soi. Une excitation sexuelle est une stimulation du désir sexuel, pendant ou dans l’anticipation d’une activité sexuelle. Lesstimulationsphysiques (p.ex. les caresses…) ou mentaux (p.ex. fantasmes….)sont érotiques s’ils favorisent l’activité sexuelle. L’excitation sexuelle conduit souvent à des changements physiologiques chez l’individu excité. Lors de fortes ou suffisantes stimulations, l’excitation sexuelle finit typiquement en un orgasme ; mais l’excitation peut être perçue physiologiquement, même en l’absence d’un orgasme.

Comment reconnaître le trouble du désir ? 

Avoir des variations du désir peut être tout à fait normal. Ainsi, s’il la baisse du désir ne dure pas depuis au moins 6 mois, il sera trop tôt pour parler de trouble de désir. Le trouble du désir s’accompagne également de très peu ou aucune pensée érotique ou sexuelles. La personne qui souffre du trouble de désir n’initie jamais (ou très peu) l’activité sexuelle et elle n’est pas réceptive aux tentatives de son partenaire. Elle n’a pas d’intérêt sexuel ou d’excitation sexuelle. Les sensations sexuelles génitales sont absentes pendant les rapports sexuels.

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Pourquoi le désir sexuel baisse-t-il ? 

Comme nous l’avons déjà mentionné, le désir varie. Alors, si on est en bonne santé, c’est à dire qu’on ne souffre pas de problèmes hormonaux ou biologiques, qu’est-ce qui provoque la baisse ou l’absence du désir sexuel ?

  • L’éducation sexuelle (parentale et religieuse) peut inhiber l’expression du désir. Certains comportements suscitent du dégout plus que du plaisir.
  • Le stress environnemental peut perturber la capacité d’excitation
  • Avoir été victime d’une agression sexuelle peut activer beaucoup d’anxiété à l’idée d’avoir une relation sexuelle.
  • La difficulté de lâcher prise
  • Fantasmatique pauvre
  • Une mauvaise image corporelle de soi engendre de l’anxiété ou honte lors de certaines situations intimes 
  • Être jugeant envers son partenaire, ne pas accepter ses gestes ou ses fantasmes
  • Une faible estime de soi, où l’intimité active des idée négatives : « je me trouve inadéquate », « je ne sais pas faire », « je suis nul et incapable au lit… »
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Quelles sont les conséquences de ces facteurs sur le désir sexuel ?

Si l’intimité physique et sexuelle créent une forme de malaise, la personne va chercher à éviter les situations d’intimité. Elle utilisera des stratégies d’évitement de caractères variés. Cela peut aller du refus catégorique lors des approches, à des prétextes comme la migraine, un travail à finir, d’autres activités, etc. Parfois afin d’éviter des problèmes avec le conjoint, la personne maintient une activité sexuelle à une fréquence réduite bien que le désir soit à la baisse. Elle se force à avoir des rapports alors qu’elle n’a pas envie.

Par conséquent, elle ressent malaise et détresse et ces émotions négatives impactent son couple et son fonctionnement personnel. Un cercle vicieux.

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Que faire ?

En effet, si la baisse de désir perdure, si elle menace d’autres domaines de la vie, il vaut mieux d’abord consulter un spécialiste pour un examen gynécologique/urologique et des examens complémentaires (hormonaux, endocriniens) afin de s’assurer qu’aucune cause organique est à l’origine du trouble. L’exhaustivité de l’évaluation initiale avec le thérapeute est importante, le trouble du désir est complexe, toute solution unique est parfois insuffisante. Ce trouble peut être aussi généré par une autre dysfonction sexuelle et il est important de vérifier que le manque d’intérêt pour les activités sexuelles est en lien ou non avec cette dysfonction. 

Soigner le trouble de désir en TCC

Si le facteur psychologique est au premier plan, une Thérapie Comportementale et Cognitive peut aider. Des études scientifiques ont démontré son efficacité. La personne peut suivre seule cette thérapie ou avec son conjoint. Avant toute prise en charge il convient de préciser les attentes et la motivation. 

Comment une Thérapie comportementale et cognitive va aider ?

Le thérapeute TCC donnera d’abord toutes les explications pour comprendre la baisse du désir sexuel. Cette première partie de la thérapie se nomme « la psychoéducation », elle permet de devenir « expert » de son trouble.  

Il est important de comprendre comment le cycle de l’évitement sexuel contribue à la baisse du désir. La psychoéducation fournir une information pédagogique sur les diverses étapes de l’activité sexuelle incluant la phase de désir et sur ce qu’est le fonctionnement sexuel habituel, par du travail sur les fantasmes et favoriser l’émergence d’idées sexuelles positives.

La Thérapie Comportementale et Cognitive travaille sur deux axes 

  • L’émotionnel, afin d’être bien dans son corps pour lutter contre le stress, l’anxiété, améliorer la connaissance du corps, développer la sensorialité par de l’exploration corporelle.
  • Le cognitif afin d’être bien dans « sa tête » pour gérer pensées parasites avant, pendant, après les activités sexuelles, remettre en question mes croyances, mes tabous, développer mon imaginaire, mes fantasmes et lutter contre mes pensées négatives à propos de mon image corporelle.

Enfin, un traitement comportemental et conjugal pour être bien avec le patient individuellement et avec l’autre pour lutter contre l’évitement des activités sexuelles et aussi apprendre à lutter contre le sentiement d’obligation de résultat. 

Ecrit en collaboration avec Sylvie CASTE

Lecture conseillée: F.-X. Poudat, Bien vivre sa sexualité, Paris, Odile Jacob, 2004


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