Dépression et estime de soi à l’adolescence

La dépression est un trouble psychiatrique qui touche les personnes de tout âge. Plus de 264 millions de personnes en sont atteintes par an dans le monde. C’est un problème de santé publique et les chercheurs consacre beaucoup d’efforts à mieux comprendre les origines, les facteurs de risque et les traitements efficaces pour la soigner. 

L’adolescence est une période particulièrement à risque. Environ la moitié des problèmes de santé mentale rencontrés à l’âge adulte se déclarent pendant ou avant l’adolescence. L’amélioration de la résilience des jeunes aux troubles mentaux s’avère par conséquent indispensable. Les problèmes de santé mentale dans l’adolescence sont associés au chômage, à la criminalité, à l’augmentation des taux de tabagisme, à la consommation de drogues, à l’obésité et aux maladies mentales à l’âge adulte. Ainsi, il est important, pour renforcer cette résilience, d’apporter le soutien nécessaire pour promouvoir le bien-être, et de mener des interventions précoces.

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L’estime de soi

Beaucoup de troubles en psychopathologie sont liés à une problématique de l’estime de soi. Elle peut être à l’origine, ou favoriser le maintien des troubles et prédispose à des rechutes.

Une personne à bonne estime de soi, se pense digne du respect et de l’amour des autres.

A l’opposé, avec une faible estime de soi, il ne se considère pas digne du respect et de l’amour des autres.

Dans la dépression, l’estime de soi est basse. Elle constitue à la fois un symptôme, un facteur de risque, de gravité et de rechutes. 

L’estime de soi est définie comme l’évaluation subjective d’une personne de sa valeur en tant que personne. Elle est par définition une construction subjective. En effet, elle ne reflète pas les caractéristiques objectives de la personne ou la façon dont la personne est perçue par les autres. Lors de l’épisode dépressif, la personne perd confiance dans ses capacités de gérer sa vie. Elle se pense nulle et incapable. 

Dans la prise en charge de la dépression l’estime de soi est donc un mécanisme sur lequel il faut agir en priorité.  En effet, les schémas de pensées dysfonctionnels dépressifs sont corrélées à une mauvaise estime de soi et s’entretiennent mutuellement. Les personnes a faible estime de soi, sont très sévères vis-à-vis d’eux même. Elles sont rarement satisfaits de leurs performances, même si elles sont objectivement valables.

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Les processus dépressifs

Aaron Beck, le pionnier en thérapie cognitive de la dépression, avait repéré déjà en 1967 les processus suivants associés à la dépression :

  • regard sur soi négatif
  • dévalorisation irréaliste de soi
  • maximalisation des défauts personnels
  • minimisation des qualités personnelles et les performances passées
  • inférence arbitraire (à partir d’une erreur mineure, conclusion catastrophique)
  • comparaison à sa défaveur à d’autres personnes
  • critique/blâme de soi

Chez les adolescents, la dépression est une souffrance couramment diagnostiquée. 

Une enquête a été réalisé sur le comportement des jeunes d’âge scolaire en matière de santé en 2013/2014. Le pourcentage de jeunes déclarant être dans un état de déprime plus d’une fois par semaine augmente de 13 à 21 % entre les âges de 11 et 15 ans. Cette évolution est d’ailleurs plus marquée chez les filles que chez les garçons. En effet, 29 % des filles de 15 ans déclarent être dans un état de déprime plus d’une fois par semaine, contre 13 % chez les garçons du même âge.

Diminution de l’estime de soi à l’adolescence

Selon certains chercheurs, l’estime de soi diminue lors du passage à l’adolescence. A cet âge le jeune donne plus d’importance à la comparaison sociale. Moins d’attention est donnée aux adultes/éducateurs. De plus, beaucoup de changements sont induits par des modifications hormonales et biologiques. Comme vous l’avez déjà tous remarqué, les ados peuvent avoir une humeur plutôt instable. Les variations sont parfois difficiles à comprendre pour les parents ou les adultes. Il peut également être difficile de savoir ce qui est normale ou pathologique.  

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L’aspect de la dépression à l’adolescence

Contrairement à la dépression chez l’enfant, chez l’adolescent la dépression se manifeste d’une manière similaire à l’adulte. L’humeur est triste, il y a une perte de goût et de motivation pour les plaisirs et les activités, de l’irritabilité, de phases de boulimie ou d’anorexie, des comportement antisociaux…, prise de risque. Le sommeil et l’alimentation peuvent ainsi être perturbées. Des symptômes anxieux y sont associés. 

La dépression a tendance à imposer un filtre « noir » à l’adolescent. Tout devient sombre, il se sent responsable de son mal-être et se juge sévèrement. On retrouve souvent beaucoup de culpabilité chez le dépressif. 

Parfois, ces épisodes dépressifs construisent une vulnérabilité pour plus tard. En effets, les chercheurs pensent que la dépression de l’adolescence serait un facteur de risque pour la dépression chez l’adulte.

Une bonne estime de soi protège l’adolescent

L’estime de soi joue donc un rôle de facteur de risque ou protection. Cela veut dire qu’une bonne estime de soi (croire avoir de la valeur, sans basculer dans le narcissisme) est un facteur de protection face aux bouleversements de l’adolescence, alors qu’une faible estime de soi devient un risque supplémentaire.L’estime de soi va au-delà de la confiance en soi, elle implique aussi l’image de soi, et l’amour de soi. Ce dernier permet d’être bienveillant avec soi-même. Se féliciter lorsqu’on fait quelque chose de bien et s’encourager lorsqu’on est face à un échec. 

Par le même auteur, à lire aussi « Le guide des parents pour la santé mentale des ados » et « Utilisation des réseaux sociaux et dépression chez les adolescents » et « Bien communiquer avec son ado »

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