La trichotillomanie – un trouble psychologique

La trichotillomanie est un trouble dans lequel la personne arrache d’une manière répétée ses propres cheveux et/ou ses poils (sourcils, cils, poils pubiens…). Elle fait partie des « comportements répétitifs centrés sur le corps (CRCC) ». Ces comportements ont une prévalence de 1 à 2% mais sont peu connus, aussi bien du grand public que des professionnels de la santé. L’arrachage de cheveux conduit à une alopécie ou une perte de cheveux, plus ou moins importante, que les personnes tentent parfois de dissimuler par l’usage de maquillage, de foulards ou de perruques. L’arrachage de cheveux cause une grande détresse et altère le fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants de la vie.

S’arracher cheveux et poils sans pouvoir s’arrêter engendre une grande souffrance.

Comportements répétitifs

« Pourquoi je n’arrive par à m’arrêter? »

Les personnes souffrant d’une trichotillomanie ont souvent fait des tentatives répétées pour restreindre ou arrêter l’arrachage de leurs propres cheveux.

En psychopathologie, on a donné des noms aux différents comportements répétitifs qui provoquent de la souffrance : ruminations, compulsions, addictions (alcool, drogues, achats compulsifs…), grignotage compulsif, crises boulimiques, scarifications, etc.

Le point commun entre ces différentes formes de comportements répétitifs pathologiques est que la personne souffre du fait ne pas parvenir à les arrêter. Il faut savoir que ces comportements influencent les émotions rapidement. Ils servent à les soulager.

Il est normal que nous répétions souvent des comportements. Par exemple, prendre le bus tous les matins pour aller au travail ou faire la vaisselle après les repas sont des comportements répétitifs nécessaires, adaptatifs et souhaitables. On ne va pas changer de trajet tous les jours pour éviter de répéter le même comportement. On peut dire qu’un comportement efficace à tendance à se répéter.

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Afin de comprendre la présence d’un comportement, il est nécessaire de savoir que tout comportement a été initié car il procurait des avantages et qu’il est maintenu parce qu’il en procure encore aujourd’hui. On travaille pour gagner de l’argent et se procurer des biens, mais aussi pour diminuer l’incertitude de l’avenir, l’anxiété. On boit de l’alcool pour la convivialité, mais aussi pour diminuer la tristesse. Le fait de trop travailler et trop boire a aussi des conséquences désagréables. Ruminer pendant des heures, s’arracher des centaines de cheveux par jour ou grignoter plusieurs paquets de biscuits devient évidemment un problème.

La personne peut développer une alopécie plus ou moins étendue.

Lorsque la personne réalise que son comportement engendre de nombreuses conséquences négatives, elle a envie de l’arrêter. Cependant, elle réalise qu’elle n’y parvient pas. La personne se trouve alors dans une lutte entre l’envie d’arrêter le comportement (car elle en a honte et a peur des conséquences) et l’impulsion de le continuer (car celui-ci soulage des émotions négatives).

Elle s’en veut de grignoter, de boire, de s’arracher les cheveux, et elle a l’impression qu’elle ne peut plus contrôler ce qu’elle fait.

Quand le patient décide de consulter pour ces comportements, c’est qu’il en souffre et que ses tentatives de les stopper sont nombreuses et ont échoué.

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est la forme d’intervention la plus efficace pour soigner la trichotillomanie. La thérapie peut également être associée à un traitement pharmaceutique à base d’antidépresseurs.

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Comment soigner la trichotillomanie avec les TCC ?

L’auto-observation

L’auto-observation est importante en TCC.

L’auto-observation est une collecte d’information par le patient. Cette technique permet le repérage des facteurs en cause dans la trichotillomanie. La personne notera dans les moments où elle s’arrache les cheveux, avec qui elle était, qu’est-ce qu’elle faisait, comment, où, quand, et elle devra identifier ses émotions et ses pensées. Des études ont montré que le simple fait de remplir des formulaires d’auto-observation peut réduire considérablement la trichotillomanie.

C’est une phase importante puisque plus le comportement est ancien, moins on est conscient de ce qui le déclenche. Certains disent que « c’est automatique, je m’en rends compte seulement quand je suis en train de le faire » ou « je ne sais pas pourquoi je le fais ». Il faut parfois plusieurs séances avant que la personne puisse observer ce qui déclenche l’arrachage. Ce sont souvent des situations stressantes ou frustrantes qui sont repérées.

Les entretiens motivationnels

Les entretiens motivationnels permettent d’augmenter la motivation à arrêter l’arrachage en suscitant une profonde réflexion sur les avantages et les inconvénients qui y sont associés.

Ils sont centrés sur ce qui motive l’arrachage et le désir de changer : ils permettent d’identifier les avantages immédiats du comportement et les inconvénients qui freinent le comportement. Les conséquences négatives apparaissent un peu plus tard, à moyen et long terme. Ensuite, sont abordés les avantages et inconvénients à changer de comportement.

Le maintien du comportement peut être expliqué par des avantages passés. C’est-à-dire qu’au départ, s’arracher les cheveux était une stratégie de coping (d’ajustement) pour réguler ses émotions, se soulager d’une émotion inconfortable. Avec le temps, les inconvénients sont devenus bien plus importants que les avantages.

La restructuration cognitive

Afin de comprendre comment le comportement se répète dans la trichotillomanie, malgré une volonté d’arrêter, il faut analyser ce que la personne se dit dans la situation précise. Nous devons repérer les pensées et aider le patient à les restructurer. En TCC, nous pouvons distinguer plusieurs types de pensées :

Soulageantes : ce sont les attentes positives sur l’effet que le comportement va avoir émotionnellement. « Je me sentirai mieux après ».

Permissives : ce sont les pensées qui donnent l’autorisation de faire le comportement « Seulement quelques cheveux… », « Ce n’est pas pour un que… », « J’arrête demain… ». Ces pensées déséquilibrent l’idée des conséquences négatives et les minimisent.

Ensuite il y a les pensées de culpabilité et d’échec, qui minent l’estime de soi et rendent le comportement d’arrachage encore plus probable la fois suivante.

En thérapie, le patient apprend le lien entre situation, émotions, pensées soulageantes ainsi que le conflit existant entre les conséquences négatives et les pensées permissives. Ces dernières déséquilibrent la balance motivationnelle et autorisent le comportement d’arrachage. Le soulagement est de courte durée et il est suivi de la détresse et du sentiment de ne pas pouvoir se contrôler. La personne se sent faible et incapable. La fois suivante, ce sera encore plus difficile pour elle de se sentir capable de maîtriser le comportement.

Le thérapeute et le patient vont ensemble critiquer les pensées soulageantes et permissives. Ensuite, ils vont faire émerger de nouvelles pensées plus adaptées, alternatives. Ces nouvelles pensées peuvent être notées sur une carte et la personne pourra les emporter avec elle. Quand elle en a besoin, elle sort sa carte et se rappelle des pensées alternatives. Elle pourra également noter les avantages à ne pas s’arracher les cheveux et les conséquences négatives à le faire.

Apprendre d’autres stratégies pour réguler l’émotion

Apprendre à gérer stress et émotions négatives.

Puisque l’arrachage se fait généralement suite à une situation stressante, l’apprentissage de techniques de relaxation peut aider à limiter l’arrachage des cheveux. Aussi, des exercices de pleine conscience peuvent aider à ramener l’attention dans le moment présent. En effet, notre esprit produit en permanence des pensées, et si celles-ci sont négatives, elles peuvent impacter notre humeur. Savoir sortir du tourbillon des pensées permet d’apaiser l’esprit.

Les émotions négatives sont certes inconfortables, mais elles ne sont pas dévastatrices. Apprendre à les accueillir peut être intéressant afin de cesser la lutte pour ne pas les ressentir. Celle-ci a tendance à aggraver la souffrance, puisqu’il est très difficile voire impossible de contrôler ses émotions, et pendant que la personne est occupée à lutter, elle ne vit pas en accord avec ce qui est important pour elle.

Si vous avez des difficultés en ce moment. Si vous sentez que malgré des efforts, vous peinez à remonter la pente, n’hésitez pas à demander conseil à un de nos psychologues. Ils sont là pour vous aider.

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